Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Paris
Tel : 01 42 80 01 81
Métro : Trinité, Blanche, Saint-Lazare
Une comédie de Fred Proust
Mise en scène d’Anne Bouvier
Collaboration artistique d’Anne Poirier-Busson
Scénographie d’Edouard Laug
Lumières de Denis Koransky
Costumes de Julia Allègre
Musique originale de Raphaël Sanchez
Avec Marie Fugain (Lucie), Loïc Legendre (Romain), Arnaud Gidoin (Bastien), Juliette Meyniac (Isabelle)
Présentation : Tout juste parents d’un petit Léo, Romain et Lucie n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Pour sortir la tête de l’eau, ils ont une idée : inviter à dîner Bastien, un vieil ami de Romain, un riche publicitaire, afin de le convaincre d’embaucher Romain dans sa boîte. C’est un ami, il ne pourra pas refuser ce service. Seulement voilà, Bastien et sa femme, Isabelle, ont également en tête une demande… très personnelle à formuler.
Romain et Lucie sont pris de court. Qu’est-ce qu’on fait ? On accepte ? On refuse ?
Donnant, donnant ?... Pas simple.
Mon avis : Donnant donnant est le type même de comédie douce amère que l’on aime aimer… A partir du moment où on a accepté le postulat de départ qui, si l’on y réfléchit bien, est un tantinet peu crédible, on n’a plus qu’à se laisser porter par l’enchaînement des situations et goûter le jeu, tout à fait emballant, des quatre comédiens.
Le décor déjà, nous aide à pénétrer dans l’univers de Lucie et Romain. C’est une grande pièce à vivre nichée sous les toits dans laquelle règne un gentil désordre ; du linge qui sèche, des jouets qui traînent, un canapé mal en point… On remarque également côté cour l’existence d’une petite chambre qui abrite un berceau. Celui de Léo, l’enfant du couple.
Dès leurs premiers échanges, on découvre les caractères respectifs de Lucie et Romain. Elle est volontaire, pragmatique, réaliste. C’est une battante. Lui, aspirant comédien sans emploi, est un doux rêveur. Il n’est visiblement pas armé pour un monde dur, impitoyable. Au contraire, il est fragile, naïf, pusillanime. C’est un velléitaire.
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Photo Céline Nieszawer |
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Photo Céline Nieszawer |
Habileté du scénario, certains prétextes sont judicieusement créés pour laisser parfois les deux femmes seules, puis les deux hommes. Ce qui permet des discussions, toujours savoureuses dans lesquelles chacune et chacun peut donner libre cours à son tempérament ou, dans le cas précis de Bastien, montrer toute l’étendue de son immoralité.
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Photo Céline Nieszawer |
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Photo Céline Nieszawer |
Arnaud Gidoin, éblouissant de cynisme, trouve en Bastien un rôle dans lequel on ne l’a jamais vu. Il joue un magnifique salopard. Il ne faiblit pas un seul instant. Tellement habitué à faire rire, viscéralement drôle, il doit jubiler intérieurement à incarner un personnage aussi déplaisant. Il est vraiment convaincant dans ce contre-emploi. Cela devrait pouvoir lui ouvrir de nouvelles perspectives.
Mais la palme va à Loïc Legendre. Quelle prestation ! Il est attendrissement de gaucherie et d’ingénuité. Il faut voir comme il s’emmêle magistralement les crayons. Sa palette de jeu, sa finesse, sa gestuelle, ses hésitations, sa perplexité, sa maladresse, son manque d’assurance et, parfois, sa malice, sont remarquablement transposés. C’est un grand moment de comédie pure qu’il nous offre.
Gilbert « Critikator » Jouin